S’il y avait bien une ville où il fallait absolument passer, c’était évidemment Nelson. Et s’il fallait n’y faire qu’une chose c’était bien y boire une bière (comme nous le faisions si souvent dans le pub du même nom à l’autre bout du monde).

Et bien rassurez vous c’est chose faite. D’ailleurs ça n’a pas été dur, Nelson est la capitale de la bière en Nouvelle-Zélande et il y a donc des brasseries un peu partout. Mais il n’y a pas que ça à Nelson. Déjà c’est la ville où s’est joué le premier match de Rugby en Nouvelle-Zélande. Et puis Nelson c’est aussi le centre officiel du pays. Techniquement ce n’est pas tout à fait le milieu de la Nouvelle-Zélande mais c’est le point communément admis par les scientifiques et les géographes. Enfin, il y a aussi les Boulder Banks, des rochers parfaitement lisses qui s’étendent sur plusieurs kilomètres le long de la côte. Ah et puis Nelson c’est aussi se retrouver au milieu d’un concours de cornemuse en allant faire ses courses.

Mais en plus de boire une bière à Nelson, c’est à quelques kilomètres de là, à Hope, que nous avons trouvé notre troisième helpX (pour Help eXchange, c’est en gros la même chose que les wwoofings mais pas forcément dans une ferme, ça peut aussi être dans l’hôtellerie où ailleurs). Ce helpX n’était d’ailleurs pas difficile à trouver puisque lors de notre séjour à Thames nous avions été tout simplement invités par les parents de Trish qui lui rendaient visite (bien que logés chez Véra à Thames, nous avions aussi aidé Trish et son compagnon Jonathan lors de ce wwoofing). Ian, Jill, leur autre fille Chris et son mari Ross nous ont donc accueillis au sein de leur foyer et de leur exploitation pour y travailler quelques heures par jour de manière tout à fait informelle (ils envisageaient de commencer l’expérience helpX mais n’avaient pas encore fait les démarches). Difficile de vous décrire en quelques lignes à quel point nous avons adoré rester avec cette famille extraordinaire. Ils nous ont totalement intégrés à leur activité et à leur vie quotidienne dans ce petit coin de paradis. Ensemble nous avons d’ailleurs fêté les 50 ans de Chris dans une ambiance de Princesse Disney. Imaginez deux secondes la tête d’Aurore quand elle a découvert l’énorme château gonflable planté au milieu du jardin pour l’occasion (elle a failli dormir dedans).

Et puis non seulement Jill, Ian et leur famille sont des gens vraiment géniaux mais ils ont aussi une activité assez exceptionnelle : en plus des moutons, chèvres et colombes ils élèvent des papillons monarques qu’ils vendent. En général, ceux-ci sont relâchés lors de mariages, mais aussi lors d’autres événements comme des anniversaires, des enterrements… Du coup il y a des papillons absolument partout : à l’extérieur comme à l’intérieur, au milieu du salon et dans le frigo (pour les endormir avant de les expédier aux clients – phénomène totalement naturel et sans aucune conséquence pour les papillons). C’est vraiment un endroit totalement à part. Ian et Jill ont d’ailleurs pris le temps de nous expliquer tout un tas de choses sur le développement des papillons, comment les attraper et les tenir en main et même à différencier les mâles des femelles. C’est très facile quand on connaît le truc : le mâle a deux points noirs sur les ailes du bas. Ce sont les glandes qui diffusent des phéromones. Et puis nous avons aussi pu assister à la métamorphose de chenilles en chrysalides. Un moment très étrange mais aussi très rapide. Nous en avons raté plein juste en tournant le dos 5 minutes.

Notre travail au sein de la propriété consistait essentiellement à empiler du bois et étaler des copeaux au sol pour conserver l’humidité. Mais nous avons aussi aidé Ian à éradiquer les pucerons dans les serres des papillons. Ils ne sont pas dangereux pour les chenilles mais mangent la même plante qu’elles, la « Swan Plant » (l’asclépias physocarpa), du coup ils ne peuvent pas rester dans les serres. Nous avons donc patiemment éliminé ces petits concurrents des chenilles.

Nous avons aussi passé des moments exceptionnels avec toute la famille. D’abord il y a eu la fête d’anniversaire de Chris qui restera un très bon souvenir. Mais nous avons aussi passé de longues soirées à jouer, à discuter et à rire (souvent parce qu’ils se moquaient de notre accent français qu’ils commençaient à prendre eux-mêmes). Et puis Chris et Ross nous ont emmenés faire un tour au bord du lac Rotoroa (3 minutes montre en main parce que c’est rempli de sandflies, des sales bêtes qui ressemblent à des moucherons mais qui piquent et grattent comme des moustiques) et du lac Rotoiti. Nous y avons d’ailleurs vu des anguilles énormes. Elles passent la majeure partie de leur vie dans les lacs et rivières du coin mais une fois adultes elles migrent jusqu’aux îles Fidji pour se reproduire puis mourir.

Avec eux nous sommes aussi allés voir la Riwaka Resurgence (l’endroit où la rivière Riwaka sort de la montagne après plusieurs semaines de filtration), nous avons fait des concours de ricochets au bord de la mer, mangé des glaces énormes… Ils nous nous ont fait voir la Nouvelle-Zélande qu’ils aiment, les endroits où ils vont pêcher, ceux où ils ont grandi et ceux où ils ont passé leurs meilleurs moments.

Après tout ça c’est avec énormément de mal que nous les avons quittés pour reprendre la route. Mais nous ne sommes pas partis seuls, nous allons avoir un peu de compagnie pendant les prochaines semaines. Princesse Hope, Lord Nelson et King Kiwi (bah oui ce sont des papillons « monarques » ^^) vont nous accompagner quelques temps. Avec Kiwi et les moutons ça fait maintenant une sacrée ménagerie dans cette voiture.

Normalement si tout se passe bien les chrysalides se métamorphosent en papillons au bout d’une quinzaine de jours. Enfin sachant qu’Aurore a maladroitement fait tomber et donc tué la première chrysalide qu’elle a eu en main en arrivant chez Jill et Ian il vaut mieux ne pas être trop optimiste quand même.

Après des au revoir bien trop difficiles nous avons finalement entamé notre descente vers le sud par la côte ouest. Et puis Jill et Ian se sont inscrits en tant qu’hôtes sur helpX, nous ne les avons donc pas découragé​. Tant mieux !