Après quatre jours à Luang Prabang nous sommes montés dans un minibus direction Xayaboury. Après trois heures à cheminer dans la campagne laotienne nous avons embarqué à bord d’un petit bateau qui après une dizaine de minutes nous a finalement déposé à l’Elephant Conservation Center, notre petit chez nous pour 3 jours.

Niché au milieu de la forêt et d’une nature verdoyante, le centre est un petit coin de paradis et pas uniquement pour les éléphants.

Créé en 2011, l’Elephant Conservation Center (ECC) s’est donné pour mission de contribuer à la protection des éléphants d’Asie tout en développant une forme de tourisme alternative, respectueuse de la santé des éléphants.

L’éléphant est l’emblème national du Laos, qui pendant des siècles a porté le nom de Lane Xang ce qui signifie le royaume du million d’éléphants. Dans ce royaume, les cornacs (ou mahout selon le terme indien), maitres, guides et soigneurs d’éléphants n’utilisaient qu’occasionnellement leur animal. Mais avec l’intensification de l’exploitation du bois le recours aux éléphants s’est accru. Ce travail est pourtant une activité extrêmement dure et dangereuse pour les éléphants comme pour leur cornac dans les forêts souvent escarpées et difficiles d’accès du Laos. Pour protéger l’espèce, le Laos a, depuis 2015, interdit l’utilisation d’éléphants dans les exploitations forestières. Le problème c’est que cela a privé de revenus les cornacs qui se sont donc tournés vers une autre activité lucrative : la promenade de touristes à dos d’éléphant.

Avec la diminution du nombre d’individus sauvages, la consanguinité et le vieillissement progressif des mâles moins dociles pour la promenade de touristes, la population d’éléphants a considérablement diminuée et si rien n’est fait le royaume du million d’éléphants risque de perdre bientôt l’un de ses trésors national.

A Xayaboury pas de promenade à dos d’éléphants, pour préserver l’espèce l’ECC entend conduire les touristes sur les lieux de vie des pachydermes et vise à démontrer qu’il est possible de créer une activité lucrative respectueuse de la nature et du mode de vie des éléphants. Pour financer son programme de protection, l’ECC accueille donc des voyageurs tels que nous pour des séjours de 2 ou 3 jours et propose également de faire de l’éco-volontariat au centre pendant 7 jours ou plus moyennant une petite participation financière.

Pour ce qui est de son programme de protection, le centre se concentre aujourd’hui sur l’accueil d’éléphants blessés ou âgés qui ont passés de longues et difficiles années de travail dans les exploitations forestières. En parallèle, il s’investit également dans un programme de reproduction qui n’a pas encore porté ses fruits mais d’après ce que nous avons pu observer ce n’est qu’une question de temps. Enfin, le centre offre une reconversion aux cornacs qui eux aussi ont longtemps travaillé dur avec leurs éléphants. Car les éléphants du centre sont tous dressés, ils ont tous un cornac qui les guident, les nourrissent et tissent un lien incroyablement fort avec eux.

Lors de notre visite le centre comptait 12 éléphants dont deux jeunes de 2 et 6 ans nés avant leur arrivée au centre. Tous n’appartiennent pas au centre et certains s’y trouvent par contrat avec les propriétaires des pachydermes. Mais à Xayaboury tous coulent cependant des jours heureux, pour la plupart après une longue vie de labeur.

A peine installés au centre nous avons pris le chemin de la nurserie où nous avons déjeuné au bord de l’eau avant de voir arriver Mae Khoun Song et baby éléphant (la jeune femelle agée de 2 ans n’a pas encore de nom, la tradition veut que chaque éléphant choisisse son nom parmi plusieurs, une fois que son entraînement a commencé autour de 4 à 6 ans).

C’était l’heure du bain du matin mais baby éléphant préférait largement tenter de récupérer les tiges de canne à sucre de l’après-bain pourtant bien cachées par le cornac. Pendant ce temps Mae Khoung Song testait la température de l’eau qui n’avait pas vraiment l’air à son goût. Mais finalement elles se sont jetées à l’eau pour une baignade rafraichissante avant de repartir dans la forêt avec leur cornac. Ce moment du bain nous y avons assisté plusieurs fois au cours de notre séjour avec différents groupes d’éléphants et c’est définitivement notre moment préféré.

Chaque jour nous avons assisté à des instants de leur quotidien au centre, nous les avons accompagnés dans leur déplacements, nous avons assisté à leurs bains et à leurs parades amoureuses… bref nous les avons observés dans leur vie d’éléphants.

Nous avons aussi été témoins de l’étroite relation qui lie l’éléphant et son cornac et de l’incroyable douceur de ces énormes pachydermes qui viennent délicatement chaparder un petit bout de canne à sucre avec leur trompe. Ces moments inoubliables resteront gravés longtemps dans nos mémoires.

A coté de cela nous en avons appris beaucoup sur les soins dispensés aux éléphants, leur alimentation et leur protection. Le dernier jour nous avons d’ailleurs participé à la préparation d’une activité pour Boua Banh, un mâle blessé alors qu’il travaillait dans les exploitations forestières. Pour ne pas qu’il s’ennuie l’équipe du centre lui propose régulièrement des séances d’enrichissement au cours desquelles il doit se creuser les méninges pour trouver sa nourriture dissimulée un peu partout dans la zone. Nous nous sommes beaucoup amusés à cacher des petits morceaux de canne à sucre et de bananier dans les différents « jouets ». Évidemment Boua Banh a mis moins de temps à récupérer la plupart de ce que nous avions dissimulé que ce qu’il nous a fallu pour les cacher mais certains morceaux lui ont quand même donné du fil à retordre et c’était très amusant à regarder.

Et puis nous avons aussi rencontré au centre des gens extraordinaires, passionnants et passionnés, qui consacrent leur vie à la sauvegarde des éléphants et qui ont rendus ce séjour encore plus mémorable. Nous avons aussi rencontré, Danielle et Pierre, des canadiens en voyage, avec lesquels nous avons pu partager ces moments uniques, et que nous espérons revoir bientôt d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique !

Nous aurions pu rester là bas éternellement (enfin seulement s’il y avait eu du réseau) malheureusement il nous a fallu partir direction Vientiane pour la suite de notre séjour au Laos.
Et pour ceux qui veulent en apprendre plus sur l’ECC voici leur site internet :

https://www.elephantconservationcenter.com