Il était une fois dans l’west

Nous avons fini par quitter Nelson pour poursuivre notre longue descente vers le sud, et, c’est accompagnés de nos trois monarques en devenir que nous avons pris, sous la pluie, la direction de la côte ouest. Notre première étape se trouvait dans le Kahurangi National Park : l’Oparara Bassin. La météo s’est très vite améliorée et nous avons pu explorer le site qui est un véritable chef d’œuvre géologique. Nous y avons trouvé plusieurs curiosités naturelles qui nous ont laissées sans voix. La première d’entre elles est évidemment l’Oparara Arch, une énorme arche de pierre formée au fil des millénaires par la rivière qui serpente en dessous (219m de long, 79m de large et 43m de haut – on se sent tout petit là dessous). Il y a aussi une autre arche impressionnante sous laquelle nous nous sommes glissés par une petite cavité : la Moria Arch. La rivière qui coule à travers le parc et passe sous ces deux arches est elle aussi surprenante : l’eau est rouge/orange. C’est assez inhabituel mais le contraste avec la forêt est saisissant. Nous avons aussi croisé plein d’oiseaux pas du tout effrayés par notre présence. D’ailleurs pendant que Julien était concentré pour prendre des photos de certains, à quelques centimètres juste derrière lui c’est tout un zoo qui se baladait : des wekas, des tuis et des roitelets. Il ne manquait que les blue ducks (les canards bleus), espèce menacée qui est normalement visible à certains endroits du parc. Nous avons aussi visité des grottes qui se trouvent dans le parc : la Crazy Paving Cave a un sol en sédiment qui donne l’impression que la caverne est pavée et la Box Canyon Cave abrite normalement une espèce d’araignée des cavernes. Heureusement nous n’en avons pas croisé.

Et puis nous avons continué notre voyage sur la côte ouest. Sur le chemin, à Cape Foulwind, nous avons vu nos premières otaries à fourrure jouer entre les vagues et les rochers. Certaines étaient d’ailleurs très jeunes. Nous en avons même vu une téter sa mère. Nous avons adoré pouvoir les voir s’ébattre dans leur milieu naturel sans même qu’elles se sentent dérangées par notre présence.

En descendant nous avons aussi traversé le Paparoa National Park. Le site qui en est le plus emblématique est bien sûr celui où l’on peut admirer les Pancakes Rocks et le Blowhole (littéralement « trou qui souffle »). Les Pancakes Rocks sont des rochers immenses qui semblent être composés de milliers de pierres empilées comme des crêpes en attente d’être dévorées. Pour parfaire le spectacle une famille de dauphins jouait dans les vagues tout près de la côte.

Le Blowhole, situé au même endroit et aussi appelé « geyser maritime » en français, est un trou dans la roche qui amplifie le son des vagues et par lequel de l’eau de mer est projetée depuis une galerie souterraine reliée à la mer. Mais la météo était tellement bonne qu’il n’y avait que très peu de vagues, et du coup nous n’avons pas pu voir le « geyser » fonctionner. L’effet n’était donc pas aussi impressionnant qu’il peut l’être parfois. Voilà qu’il faudrait presque nous plaindre d’avoir une excellente météo. Rassurez vous on ne vous fera pas cet affront.

Les autres randonnées du parc national (même si on ne peut pas vraiment parler de randonnée pour la promenade autour des Pancakes Rocks) sont aussi très agréables et moins fréquentées. La vue sur la côte ouest y est impressionnante. Les vagues viennent frapper les rochers avec une puissance incroyable, et nous y étions à un moment où la mer était vraiment calme. Difficile d’imaginer la puissance des vagues en cas de mauvais temps.

Ensuite nous nous sommes un peu éloignés de la côte pour faire un crochet par Arthur’s Pass. C’est l’un des rares passages routiers qui permettent de passer de la côte est à la côte ouest de l’île du sud. Là, le paysage prend une toute autre allure avec ses montagnes à pics et ses plantes alpines. Nous y avons croisé nos premiers Kéa, les seuls perroquets au monde vivants en haute montagne. C’est une espèce menacée d’extinction mais il est facile d’en voir parce qu’ils adorent grignoter les parties caoutchouteuses des voitures des touristes. De vrais amours!! Nous y avons fait quelques randonnées, dont la « Temple Basin Track » bien connue des locaux, qui donne de beaux points de vues sur les paysages alpins de la passe. Nous avons campé une nuit au bord de la Waimakariri River, dans la vallée du même nom, quelques kilomètres plus loin. Le cours d’eau était pratiquement à sec et nous avons trouvé la « fin de la rivière » : il y avait tellement peu d’eau que celle qui restait s’infiltrait dans le lit de la rivière.

Après deux jours à Arthur’s Pass nous avons repris la route pour retourner sur la côte ouest et nous avons rejoint Hokitika pour un helpx de quelques jours seulement. Mais quel helpx! La maison de nos hôtes Mark et Di était installée au bord de la plage et nous avions une vue magnifique sur la Mer de Tasman (exceptionnellement très calme comme depuis le début de la semaine). Nous avons vu des dauphins depuis leur balcon, c’est pour dire ! Nous avons fait quelques travaux de jardinage et nous avons gravillonné une allée. Mais travailler en entendant le son des vagues a rendu la tâche bien moins difficile et les délicieux plats et petits déjeuners préparés par nos hôtes valaient largement ces quelques efforts.

Hokitika est une très jolie petite ville née lors des grandes heures de l’extraction d’or dans la région. Maintenant elle est essentiellement connue pour son jade que l’on trouve en abondance, parfois même en se promenant sur la plage (on en trouve bien plus dans la rivière à côté mais il est interdit de ramasser le jade là bas car c’est un lieu sacré pour les maoris). Au grand désespoir de Julien, Aurore s’est donc lancée dans la recherche de jade le temps d’un weekend. Mais bien sûr comme elle ne savait pas à quoi il ressemblait à l’état naturel ni comment le distinguer elle a seulement rempli ses poches, son sac et la voiture de cailloux verdâtres non identifiés. Ils vont sûrement disparaître mystérieusement un jour où elle regardera ailleurs.

En été, il y a aussi un concours de sculptures en bois flotté. Les participants amassent du bois et des pierres qu’ils utilisent pour réaliser de vraies œuvres d’art. Ces sculptures restent ensuite sur la plage jusqu’à ce qu’elles soient soufflées par le vent ou les marées. Les gens de passage s’amusent d’ailleurs à les compléter ou à les transformer. C’est une façon agréable de profiter de la plage parce qu’ici, comme sur toute la côte ouest, les courants sont trop violents pour la baignade. Nos hôtes nous ont aussi emmenés faire un petit tour à vélo. Julien a d’ailleurs découvert à cette occasion que les freins des vélos néo-zélandais sont inversés… Et il a fait un magnifique soleil pour fêter sa découverte ! Rassurez vous il ne s’est pas fait mal même s’il a vu le sol de très près.

Et puis, à la plus grande satisfaction de Julien nous avons raté d’une semaine le Wild Food Festival. C’est un évènement qui se tient chaque année dans la ville et qui permet de goûter aux aliments les plus étranges comme des yeux de poissons en verrine (oui vous avez bien lu), des insectes ou de la tête de canard.

Mais à Hokitika, il fallait surtout aller voir les gorges. L’eau des glaciers et de la rivière s’y mêlent pour donner un cours d’eau d’un bleu laiteux envoûtant. En regardant la rivière on a du mal à croire que ce n’est que de l’eau. Pourtant nous avons testé, c’est bien de l’eau classique, froide, mouillée et tout à fait normale. Sa couleur est due à la subtile combinaison de trois éléments : l’eau des glaciers, une rivière largement approvisionnée en eau de pluie et un fond en granit. Le résultat est incroyable même par temps couvert.

Après notre weekend à Hokitika nous avons pris la direction des glaciers en nous arrêtant un peu sur le chemin.

Les plus célèbres et les plus accessibles des glaciers de Nouvelle-Zélande sont le Franz Josef et le Fox. Pour les atteindre il faut marcher le long des vallées où jadis ils se trouvaient. Le long du sentier des panneaux donnent une idée de l’endroit où ils se sont tenus au cours des siècles derniers. Des photos permettent aussi de visualiser le recul de ces géants des glaces. Le phénomène s’est largement accentué ces dernières années. Quand on pense que certains nient l’influence de l’homme sur le réchauffement climatique, il faudrait qu’ils fassent un tour de ce côté du monde. En attendant, d’ici quelques années, cette imposante masse d’eau gelée risque de disparaître totalement. Glaçant, non?

Et puis bien sûr comme pour la plupart des curiosités naturelles de Nouvelle-Zélande, une histoire maorie vient expliquer la naissance du Franz Josef Glacier, ou plutôt du Ka Roimata o Hine Hukatere (les larmes d’Hine Hukatere), son nom maori. Il y a fort longtemps, une jeune fille (la dite Hine Hukatere justement) passionnée par l’escalade de monts enneigés adorait entrainer son amoureux moins expérimenté dans de longues escapades. Celui-ci adorait la suivre dans ses aventures au sommet des montagnes. Malheureusement, un jour, le jeune homme se fit emporter par une avalanche. Hine Hukatere, désespérée, se mit à pleurer. Ce sont ses larmes qui en gelant auraient formées le glacier.

Après cette pause rafraichissante nous avons repris la route en direction de Queenstown. Au passage nous sommes allés voir (entre autres) le lac Matheson, la Gate of Haast, les Blue Pools (et oui, encore une rivière incroyablement bleue!) et le lac Havea. Le lac Matheson est l’un des endroits les plus photographiés de Nouvelle-Zélande car on peut souvent voir un magnifique reflet des montagnes enneigées dans l’eau placide du lac, mais le jour où nous y étions des nuages voilaient les cimes des montagnes et du vent empêchait « l’effet miroir » sur le lac. Pas terrible donc. Par contre nous avond eu un superbe effet miroir sur le lac à côté duquel nous avons passé la nuit en quittant les glaciers. Nous avons ensuite fait un petit tour autour du Diamond Lake avant d’atteindre enfin Queenstown​.

Pendant ce temps là, trois petites chrysalides ont continué leur transformation sous nos yeux attentifs. Malgré le trajet et la fraicheur des premiers jours d’automne, les bébés papillons se sont longuement préparés à leur sortie. Et puis un jour, la veille de notre arrivée à Queenstown, deux chrysalides sont devenues toutes noires. À notre retour de randonnée, deux papillons les avaient remplacés. Nous avons relâché ces deux femelles (Princesse Hope et Lady Nelson) dans le jardin botanique de Queenstown. Quelques minutes plus tard la troisième chrysalide à commencé à s’agiter. Un mâle en est sorti (King Kiwi) et nous l’avons relâché avec l’aide de Nathan, le fils de nos nouveaux hôtes, qui a été ravi! Nous sommes donc enfin arrivés à Queenstown, chez Lisa, Blair et Nathan, pour un nouvel helpx d’un peu plus de 15 jours.

8 commentaires sur “Il était une fois dans l’west

  1. Bastien me demande de vous demander de ramener le baton Gandalf …vous n’aurez qu’a le rajouter au sable et au bois flotte de la precedente commande !

    1. Oui voilà on va faire ça, et on le met avec le reste, dans le container qu’on ramènera en France à la fin du voyage !

  2. Le groooooooos scandale ! Ils vont sur la West Coast et il fait beau !!!!
    Mais pourquoi pas aller en Normandie en pleine sécheresse !
    Au passage, il y a un sacré paquet de photos qui sont magnifiques (Oparara et l’effet miroir, le weka, le kéa, le ciel étoilé…)
    Bises

    1. Vous êtes dans votre jalousie pour la météo hein ? 🙂 2 semaines de beau temps sur la west coast !
      Merci pour les compliments sur les photos !
      Bises

  3. Dommage je ne vois pas une seule morille sur les photos !!!
    Pour, info déjà plus de 200 au compteur pour maman et ce, en début de saison.

    Bonne continuation
    Marc

    1. Ah bah si on a trouvé des champignons. Pas sur la côte ouest mais a Queenstown. Ce sera dans notre prochain article, tu verras on en a moins mais ils ont l’air vraiment appétissants.

  4. un vrai régal les photos, Merci à vous 2 pour ce partage d’un rêve éveillé.

    Les squasheurs te saluent Julien.

    1. Salut Jean-Yves, merci pour les compliments ! Bonjour à tous les squasheurs, j’espère que vous faites une super saison !

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