Kaikoura

Après Christchurch nous avons enfin atteint Kaikoura. Pourquoi « enfin » ? tout simplement parce que lorsque nous préparions notre voyage c’était l’une des étapes que nous ne voulions absolument pas rater et cette ville avait donc une place très importante dans notre itinéraire. Malheureusement, le 14 novembre 2016, un séisme de magnitude 7,8 a frappé la région coupant les principales routes d’accès et isolant un temps Kaikoura du reste du pays.

Contrairement à Christchurch, des bâtiments ont été endommagés mais très peu se sont effondrés. Le séisme a cependant eu d’énormes conséquences pour la ville. En effet avant le tremblement de terre de novembre dernier, pour accéder à Kaikoura il n’y avait que 3 possibilités : prendre la Highway n°1 qui longe la côte Est en venant du Nord, prendre la même route en venant du Sud ou emprunter une route intérieure sinueuse et escarpée. Cette position idéale le long de la route n°1 faisait d’ailleurs de Kaikoura un passage presque obligé pour les voyageurs visitant l’île du Sud. Lors du séisme ces trois voies d’accès ont été endommagées la coupant totalement du reste du pays pendant plusieurs jours.

Sept mois après, la route venant du Nord est toujours fermée à la circulation et celle du Sud est ouverte par intermittence. Il faut donc se résoudre à faire un trajet de 7 heures (au lieu de 2h) pour rejoindre Kaikoura depuis Picton (au nord de l’île) en débarquant du ferry. Et la situation n’est pas prête de se régler car la tâche est colossale. La portion endommagée de la Highway n°1 entre Picton et Kaikoura est une route qui serpente entre l’océan et des falaises abruptes le long de la côte Est, or une bonne partie de ces falaises s’est effondrée lors du séisme. Depuis, des ouvriers travaillent jour et nuit sur le chantier, des hélicoptères se succèdent pour déverser de l’eau du haut des falaises et détacher les roches qui menacent encore de tomber et un ballet incessant de camions transportant des déblais quittent le chantier. Le gouvernement pense que les travaux seront terminés en décembre prochain, mais même les habitants les plus optimistes n’y croient pas beaucoup. En attendant, pour venir à Kaikoura, il faut faire un détour que les voyageurs de courte durée ne font pas.

C’est donc une petite ville presque désertée par les touristes que nous avons trouvée, mais qui a, malgré tout, été l’un des endroits les plus beaux de notre séjour en Nouvelle-Zélande.

Nous avons passé 3 semaines à Kaikoura dans le Bed and Breakfast d’Alison. Nous l’avons aidée à entretenir les chambres et à préparer le petit déjeuner de ses hôtes. Nous nous sommes aussi occupés chaque jour de ses nombreux animaux : chiens, poules, canards, cochons, chevaux et alpagas. Nous avons même baptisés les alpagas Serge (Lama) et Al (Paga). Nous avons adoré nourrir et nous occuper de tout ce petit monde. D’ailleurs l’une de nos missions consistait à aller promener les chiens sur la plage. C’est dur la vie hein ?

Pendant notre séjour nous avons aussi découvert le concept de « Mid-Winter Christmas ». En Nouvelle Zélande, Noël a la fâcheuse tendance de tomber tous les ans au début de l’été. Un barbecue pour Noël c’est original et exotique mais ce n’est pas tellement dans l’esprit traditionnel. Du coup, certains kiwis organisent aussi une fête de Noël autour du 25 juin. Comme ça, eux aussi ont l’occasion de porter des tricots et chaussettes ornés de magnifiques rennes, elfes ou autres motifs traditionnels. Bon ils ne fêtent pas vraiment Noël deux fois dans l’année, c’est souvent juste l’occasion de faire la fête en famille, entre amis ou, comme nous à Kaikoura, entre voisins. Cela reste quand même assez surprenant de voir la voisine arriver au milieu d’un après midi de juin les bras chargés de guirlandes et de décorations de Noël. Une grosse différence cependant avec la maison : en Alsace les enfants ne courent pas dehors pieds nus et en short pendant le repas de Noël.

Ce Noël à Kaikoura a aussi été l’occasion pour nous de tester quelques plats néo-zélandais même si nous n’avons quand même pas été jusqu’à goûter la Jelly, il ne faut pas exagérer non plus. Nous avons aussi mis la main à la pâte parce qu’évidemment ce n’est pas Noël sans Bredalas. Au final c’était une soirée vraiment très amusante et nous avons même échangé quelques cadeaux. Et bien sûr nous avons tous terminés la soirée devant la télé pour voir un match des All Blacks, ça reste la Nouvelle-Zélande quand même.

Parlons un peu de la ville maintenant. Kaikoura signifie « manger des écrevisses » en maori. Cela vous donne une idée de ce qu’il est possible de pêcher dans les environs. Il y a même un restaurant où l’on peux apporter sa pêche du jour et le chef se fait un plaisir de la cuisiner. Bon pour ça il faut arriver à en attraper. C’est ça la faille dans le plan… Sinon il y a aussi des restaurants plus traditionnels mais bon c’est moins drôle et beaucoup plus cher.

Le paysage autour de Kaikoura est aussi assez spectaculaire et les roches témoignent de la forte sismicité de la région. Les couches de sédiments successives, très visibles à la pointe de la péninsule de Kaikoura, donnent une idée de l’importance des mouvements de la croûte terrestre. D’ailleurs, les fonds marins se sont élevés de 2 mètres suite au séisme de novembre 2016. Il a fallu draguer le fond du port pour permettre aux plus gros bateaux de reprendre la mer et de nouvelles parties de l’extrémité de la péninsule sont maintenant accessibles à pied à marée basse.

En plus de ses paysages à couper le souffle Kaikoura est aussi renommée pour ses baleines que l’on peut facilement observer toute l’année. En effet, à quelques kilomètres des côtes seulement se trouve une fosse océanique particulièrement riche en biodiversité et donc en nutriments pour ces grands mammifères marins.

La péninsule de Kaikoura est l’endroit idéal pour tenter de voir des oiseaux ou des baleines au loin (sinon il y a des excursions en bateau ou en avion). On peut aussi y observer les nombreux fur seal qui se prélassent sur les rochers. Attention cependant à ne pas faire comme nous et suivre bêtement un chemin, même éloigné du rivage, sans vérifier avant s’il n’y a pas des otaries dans les herbes hautes. Cette fois on peut dire qu’on a vu une otarie de très près et ça l’a un peu énervée d’ailleurs.

On peut aussi y faire des photos de nuit. Julien ne veut pas se vanter, mais il les trouve plutôt très réussies.

Mais si nous sommes allés à Kaikoura c’est aussi parce que nous avions prévu de tenter une expérience particulière : nager au milieu des dauphins. En effet, en plus des baleines et des otaries, une colonie de dauphins est présente toute l’année au large de Kaikoura.

Et sans aucun doute cette matinée en mer restera l’un de nos meilleurs souvenirs de ce voyage.

En ce matin de juin nous nous sommes équipés de tenues de plongée et avons embarqué avec 4 autres personnes à bord du bateau qui devait nous emmener au plus près des dauphins. Après une dizaine de minutes de navigation seulement nous avons atteint un petit groupe de dauphins. Ravis, nous nous sommes glissés dans l’eau et nous avons tenté d’établir un contact et de jouer avec eux. Après quelques minutes dans l’eau le capitaine nous a fait signe de revenir dans le bateau pour aller plus loin en mer. Déçus de déjà devoir ressortir nous sommes pourtant remontés, et le bateau nous a emmené pour plonger au milieu du groupe principal de la colonie de dauphins. C’est à ce moment là que nous avons compris que nous n’avions vu jusque là qu’un tout petit groupe. Cette fois nous avons été entourés par plusieurs centaines de dauphins, il y en avait partout où nous posions les yeux. Nous avons nagé avec eux pendant près d’une heure, partageant avec eux un moment inoubliable.

Les dauphins, très intéressés par notre présence, venaient nous observer, nager avec nous et même nous entrainer dans leurs jeux. Nous avons pu évoluer avec eux dans leur milieu naturel, tenter de faire la course et même plonger un peu avec eux. L’expérience était vraiment incroyable mais elle est très difficile à décrire tant elle a été riche en émotions. Nous sommes donc remontés épuisés mais enchantés par cette aventure.

Pourtant ce n’était pas fini, après avoir pu nager avec les dauphins, nous avons pu les observer depuis le bateau. Et de là nous avons pu voir les dauphins sauter dans les vagues, faire des bonds et même des backflips arrière. En effet, les Dusky Dolphins (Dauphins Obscures) sont parmi les dauphins les plus joueurs au monde et ce sont les seuls au monde à faire ces sauts pour le plaisir, sans entrainement ni intervention de l’homme. C’est aussi à cet instant que nous avons réalisé qu’il y avait vraiment énormément de dauphins autour de nous (entre 200 et 300 mais les groupes peuvent parfois compter plus d’un millier d’individus). Alors forcément une fois encore nous en avons pris plein les yeux.

Nous terminons cet article par quelques uns de nos meilleurs souvenirs en images de cette super journée.

16 commentaires sur “Kaikoura

    1. On vous attends. Si vous revenez ça fera peut être même revenir Michael.

  1. Ouah le couché de soleil!!!
    Les bredalas of course!! Passage obligé à noël! Même e juin lol
    Trop chou les bébés otaries
    Julien je te donne l’autorisation de te vanter lol fais toi plaisir il y a matière à
    Enfin l’article sur les dauphins!!! Enfin!!!! Génialissime d’habitude je suis assez envieuse en lisant vos articles et en regardant vos photos mais la je suis carrément jalouse lol

    1. Oui bon les dauphins c’était quand même vraiment genialissime. Si c’était pas aussi cher on y serait retourné tous les jours. Mais rassure toi tout n’était pas parfait. A force de tourner dans l’eau Aurore a fini un peu malade et le trajet de retour en bateau était moins agréable pour elle.

  2. Plein les yeux!!! Voilà, vous nous en mettez encore une fois plein les yeux!!!
    Beaucoup d’émotions aussi dans cet article magnifique qu’on ne se lassera pas de revoir.
    Bravo aussi pour la rédaction des articles, instructive et pleine d’humour.
    C’est vous qui avez fait les bredalas? Ils ont l’ait super bons :-))

    1. Ben oui c’est nous qui avons fait les bredalas, y’avait pas d’autres alsaciens !

  3. Impressionant, Julien qui se lance dans le dressage de chevaux. Bon il a bien fait de commencer par la taille schtroumps.
    Bisous a vous.

    1. Il y a encore un peu de boulot mais le grand il était plus compliqué à promener.

  4. J’adore la tronche du cochon noir, et le coucher de soleil « Mordor ». Et mine de rien, tes photos sont superbes, et même de mieux en mieux !
    Vous nous manquez, d’ici à ce qu’on se voie, profitez bien !

    1. Bon en vrai c’est facile de faire de belles photos ici, le plus compliqué c’est de n’en choisir que quelques unes.
      Vous nous manquez aussi ici. C’est chouette mais un peu loin quand même pour passer vous voir un samedi soir.

    2. Merci pour les photos 🙂
      C’est vrai que les conditions sont quand même souvent bonnes ici, mais j’ai aussi plus de temps à y consacrer, ça aide à s’améliorer, aussi bien pour le shooting que pour le post-traitement.
      On pense à vous, on rentre « bientôt » !

  5. Il a l’air bon ce cochon.
    Magnifiques photos de nuit (et de jour aussi on va pas chipoter). Ils ont l’air d’avoir été payé par le syndicat d’intiative ces dauphins, c’est dingue.
    Amusez vous bien pour la suite.
    Ps:Aurore tu peux glisser un bébé otarie à fourrure dans la valise, je vise l’introduction en Irlande 😉

    1. Oui enfin le cochon on a vu ce qu’il mangeait et ça ne nous a pas fait rêver alors on l’a laissé gambader. Les dauphins oui ils sont payés, c’est la seule hypothèse logique. Et pour les otaries ça devrait marcher vous avez déjà des puffins, l’eau doit avoir la bonne température. On va tenter l’exfiltration d’otaries en partant mais c’est pas certains que les douanes soient convaincus quand on leur dira que « si si c’est bien un chat dans la boite là »

  6. Ca va finir par devenir une habitude, mais chapeau l’artiste pour les photos de ciel étoilé, et d’autant plus pour celle de la voie lactée avec le reflet de lumière sur les bancs de rochers (IMGP8449).
    Quant aux dauphins, j’avoue ça devait être assez fou !! En plus vous aviez même un dauphin dont l’aileron avait été tuné pour lustrer au soleil (IMGP4438).
    Bises des animaux moins exotiques du sept-quatre !

    1. Merci merci 🙂 il faut dire que les conditions étaient vraiment parfaites cette nuit la pour les photos de la voie lactée, mais c’est quand même pas mal de boulot, surtout en post-traitement. Pi faut la motivation pour se cailler pendant 2h, la nuit et par -5° 🙂
      Et les dauphins c’était vraiment super bien oui !
      Bises aux animaux du sept-quatre, y compris aux 2 grands qui se tiennent sur 2 pattes 😉

Les commentaires sont clos.